Dans un film dédié aux femmes (actrices ou mères) et aux hommes qui veulent leur ressembler, Almodovar rend hommage à ceux qui parviennent à l’authenticité en devenant ce qu’ils rêvent d’être. Les modes de vie de plusieurs personnages pourraient dégager le parfum de scandale associé au nom du réalisateur, or celui-là poursuit le virage mélodramatico-sentimental amorcé dans La fleur de mon secret (G). Dans une intrigue plus complexe qu’il n’y paraît, une femme se donne la mission de protéger tous ceux et celles qu’elle côtoie : elle encourage son fils adoré à devenir écrivain, permet la transplantation de son coeur après sa mort, aide Agrado à sortir de la prostitution, héberge Rosa durant une grossesse difficile, se rapproche de Huma en devenant son assistante, etc. La générosité, l’optimisme et la sérénité du propos séduisent par un humanisme décidément en marge de la morale bourgeoise et catholique traditionnelle. Qui aurait prédit qu’Almodovar recevrait un jour le Prix œcuménique? C’est arrivé à Cannes en 1999. Les rares propos à connotation sexuelle s’insèrent dans les moments humoristiques; cette grivoiserie passagère n’affecte en rien le traitement grand public du film.

22 octobre 1999

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