Les personnages de Ray et de Lauren sont interprétés par deux poètes en chair et en os : Saul Williams et Sonja Sohn, qui récitent tout au long du film leurs propres créations. Par ailleurs, les aventures de Ray, à l'intérieur comme à l'extérieur de la prison, sont inspirées d'un fait vécu et les personnages secondaires du film, sont des prisonniers qui séjournent actuellement dans la prison du district de Columbia, aux États-Unis. C'est dire que Slam fait partie du courant cinéma-vérité si cher à Jean-Luc Godard. L'univers carcéral — l'intérieur — présenté dans ce film est aussi violent et oppressant que l'univers de la drogue qui grouille à l'extérieur, au point où il devient difficile à dire quelle répression est plus intolérable : celle que les Noirs subissent à l'intérieur ou celle qu'ils s'imposent les uns aux autres à l'extérieur. Cette thématique dure est exprimée avec un langage dur, voire vulgaire, qui correspond au quotidien des prisonniers et des trafiquants. Et pourtant, ce film est probablement le premier à maintenir qu'à travers ce langage se dégage la poésie actuelle du monde noir aux États-Unis. Le langage choquant, parfois explicite quant à la Chose, se retrouve dans les vers des poètes et il est vrai qu'à force de le répéter, des expressions telles que «mother fucker» deviennent des cris de révolte et non pas un langage ordurier. Un début de maturité semble nécessaire pour passer à travers la franchise de cette photographie sociale actuelle. Le jury ajoute l'indication «Langage vulgaire» même si le réalisateur a voulu replacer ce type de langage dans un contexte poétique.

6 juin 2024

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