Bien qu'il se conforme à la sobriété visuelle qui était de mise à l'époque de sa réalisation, ce film développe une thématique délicate dont la portée ne s'est pas atténuée avec le temps. Mettant en scène de jeunes adolescents délinquants laissés à eux-mêmes, il les montre froidement commettre des méfaits cruels (attaques contre un aveugle et un cul-de-jatte, assassinat). Dans le contexte sans pitié et sans remords qui est le leur, toute intervention pouvant contribuer au changement est vouée à l'échec. Comme le sérieux des délits, l'âge des protagonistes et la noirceur du regard que Bunuel pose sur cet univers placent ce film sur un registre nettement plus dur qu'un Quatre cents coups, par exemple, le jury convient de la réserver au public ayant acquis un début de maturité.

13 mai 1998

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