Cette reconstitution d’un milieu, soit celui de la haute bourgeoisie et de l’aristocratie fin XIXe/début XXe siècle, s’avère, au minimum, un document de valeur historique. En effet, cette belle société y est radiographiée : états d’âme, mœurs, vocabulaire et comportement — tout y est. On y retrouve aussi la mise et les manières élégantes, le ton pompeux, l’hypocrisie polie et les plaisirs frivoles. L’adaptation de Raoul Ruiz de cet ouvrage de Marcel Proust s’intéresse aussi à la philosophie de l’écrivain français soit, en gros, la réalité est dans l’imaginaire qui, lui, défie le Temps et l’Espace. À cet égard, la caméra est curieuse, elle fouille les âmes ; floue comme le passé, la mémoire et les souvenirs ; déformante comme dans les rêveries, les impressions ou les hallucinations. Elle est également honnête quand vient le moment de montrer la liberté des mœurs sexuelles ; elle jette un long regard à Charlus battu au sang par un jeune homme. Mais son regard est sans complaisance et, somme toute, court — considérant la durée totale de la rétrospective. Bref, le jury accorde un visa tous publics à cette coproduction européenne.

10 septembre 1999

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