Larry Clark avait, déjà dans Kids, exploré le monde douloureux de la jeunesse perdue, les gangs de rue de la grande ville, la drogue, le sexe facile... Dans Bully, il fait encore le portrait de jeunes déconnectés de la réalité. La différence ici est que ceux-ci ont tout ce qu=il faut pour réussir leur vie : milieu bourgeois riche de la Floride, argent, bagnoles, copains. Mais comme leurs semblables de Kids, ils sont laissés à eux-mêmes par des parents absents et indifférents, par des autorités scolaires peu réceptives et par un environnement social propice à l=argent facile et menant à la dérive des valeurs. Il suffit que des adolescents plus perturbés et sans points de repère que les autres entraînent leurs amis sur une descente vers le crime aussi inéluctable qu=incompréhensible, si l=on juge uniquement en fonction du milieu dont ils sont issus. Ce qui a retenu l=attention du jury, c=est que le film ne semble pas juger comme aberrantes cette absence de compassion des personnages envers la souffrance des autres, l=indifférence que manifestent les amis des meurtriers face à leur crime et l=absence quasi totale de remords des criminels. Le spectateur demeure livré à lui-même face à cette thématique complexe. Si l=on ajoute les violentes et sordides images du meurtre ainsi que les scènes très crues de relations sexuelles (où l=on doit noter en passant un viol), il en ressort un film dur, difficile d=accès, complaisant sur les plans visuel et thématique qui, de toute évidence, risque très certainement de perturber même de jeunes adolescents. DÉCISION : 16 ans et plus

19 septembre 2001

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