Inspirés par un schéma classique, les frères Cohen subvertissent certains ingrédients conventionnels du film noir au moyen d’une étrange ironie et de brefs instants de violence accrocheuse. Bien que ce thriller nouveau genre ait produit un certain choc en 1984 et qu’il annonçait une mode où l’hémoglobine allait déferler joyeusement sur les écrans (cf. Tarentino et consorts), le recul démontre que la violence de Blood Simple fait preuve de retenue et frôle même la parodie. Ainsi, l’enterrement de Marty (toujours vivant) dénote moins la complaisance envers la cruauté qu’il n’exprime un affolement compréhensible devant ce qui apparaît comme une tragique méprise; et l’acharnement défensif de l’épouse sur le véritable tueur prend des allures de guignol grotesque avec ce couteau planté dans la main. Cette variation sur la duperie et l’infortune se présente comme un morceau d’anthologie de l’humour noir. Le jury convient de réserver le film à ceux qui possèdent un début de maturité.

11 juillet 2000

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