Sujet difficile à traiter a priori, l’inceste l’est davantage lorsqu’il constitue le thème central d’un film et qu’il est abordé sans faux-fuyant comme le fait ici Tim Roth. Dans une atmosphère étouffante où l’isolement géographique redouble le thème du silence entourant la rupture du tabou, le réalisateur met en scène une famille au sein de laquelle les pulsions déréglées s’expriment de manière à peine voilée lorsque ce n’est pas crûment (voir la scène d’agression dans le bunker). L’impact, évidemment, n’en est que plus fort, d’autant plus que les personnages sont campés dans toute leur complexité. Ainsi, pour se limiter à eux, le père n’est ni bête ni ange, car, malgré ses agissements incestueux, il se montre d’une bonté notable dans le quotidien tandis que la victime est aussi écœurée par ce qu’elle subit que fascinée par la sexualité. Cette approche fait en sorte que le spectateur, loin de se trouver devant un pamphlet ou un film à thèse, se voit présenter un tableau moins fabriqué, mais tout autant saisissant et dénonciateur. En raison de la dureté avec laquelle la question est exposée et de la nature de certains passages, les membres majoritaires du jury estiment que ce film doit être réservé au public de 16 ans et plus. Considérant la rigueur, l’intelligence, le doigté avec lesquels l’entreprise est menée et la finalité du film, le jury estime cette restriction amplement suffisante.

27 avril 2000

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