Jafar Panahi se met en scène dans une autofiction où il aborde son statut précaire de créateur. Il use ainsi de la mise en abyme pour révéler comment, depuis l’Iran, il parvient à piloter un projet à portée internationale, malgré les interdictions qui le frappent. Du même coup, il raconte, d’un côté, l’histoire déchirante de réfugiés tout en braquant, de l’autre, les projecteurs sur la fracture sociale qui oppose les esprits progressistes aux paysans attachés à la tradition et réduits à la pauvreté par le régime. Habile mélange de gravité et de légèreté, ce récit des aléas du quotidien du réalisateur dissident prend une tournure tragique avec l’évocation d’un suicide et la découverte de victimes des gardes frontaliers. En résultent de brèves images de cadavres qui, loin d’être gratuites, appuient le message véhiculé par cette proposition courageuse.

13 janvier 2023